Nos relations avec les autres : la condition pour être soi-même.

 Dans Nouvelles

David CastrillonDirecteur général – Projet Collectif en Inclusion à Montréal (PCEIM)


Il est très difficile de se rendre compte d’une évidence : être soi-même est un don fait par la génération précédente. On n’arrive pas à exister en tant qu’humain qu’à travers l’intermédiation des autres êtres humains. La socialisation propre à notre société, basée sur des conceptions individualistes de ce qu’est un être humain, rend difficile de voir cette évidence.  

Nous pensons que l’autonomie consiste à être indépendant des autres. En réalité, dans la vie quotidienne, dans l’action, cela n’est pas possible. Au contraire, l’autonomie humaine est rendue possible grâce à l’interdépendance : pour être autonome, nous avons besoin de liens intériorisés (les relations avec nos parents, nos amis, d’autres personnes, avec l’environnement, etc.).  

Nous intériorisons tout cela dans notre corps afin de pouvoir être nous-mêmes, ce qui donne comme résultat un être unique, et c’est là la source de notre autonomie. Cela signifie mobiliser en nous et avec les autres une quantité incroyable d’interactions. Cette quantité incroyable de mondes intériorisés nous permet d’avoir de l’autonomie, qui se déploie de manière satisfaisante lorsque des espaces, des liens et des interactions conscients de cette interdépendance existent. 

J’aimerais être plus claire avec cette idée qui semble difficile à comprendre : pour être la personne que je suis et le ressentir, il a fallu qu’un autre être humain me tienne dans ses bras, me parle, me donne mon nom, m’interpelle, me soigne, prenne soin de moi, et grâce à tout cela, ce que je suis a pu émerger. Mais ce n’est pas tout, pour continuer à sentir que j’existe, j’ai encore besoin, et j’aurai besoin toute ma vie, de vivre dans un tissu de relations humaines qui me renvoie la confirmation de mon existence. Sans cela, le prix à payer en souffrance est immense.  

Dans notre société, cette idée est tellement oubliée que lorsque ces souffrances, exprimées sous forme multiples, surviennent, on les individualise et le langage médical/diagnostic de la santé/maladie mentale s’installe. Dans un premier temps, ce langage peut sembler rassurant : il est courant d’entendre dire que cela permet de nommer ce que la personne a et donc pouvoir bénéficier de certains services. Cependant, lorsqu’on prend le temps d’y réfléchir, on se rend compte que la complexité des relations qui composent une vie humaine est remplacée par une vision qui semble exclure l’évidence : la nature interdépendante de notre être.
 


Le Projet collectif en inclusion (PCEIM) est un organisme soutenu par Centraide du Grand Montréal

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